Maitre Des Beatitudes by Yvan Amar

Auteur:Yvan Amar [Amar, Yvan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Spiritualité
ISBN: 9782226115928
Google: oCg-AAAACAAJ
Amazon: 2226115927
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2000-01-14T23:00:00+00:00

Quatrième béatitude : Bienheureux les affamés et les assoiffés de justice, ils seront rassasiés.

Le Mebassèr, le messager porteur de la bonne nouvelle, dit à ceux qui ont gravi la montagne : "Bienheureux les affamés et les assoiffés de justice, ils seront rassasiés."

Depuis le début des Béatitudes, une question s'impose : à qui s'adresse Jésus ? Il enseigne en terre occupée : l'enseignement apparaît toujours en terre occupée. L'occupant dont il est question historiquement ici, c'est l'occupant romain. Et quel occupant, qui fait subir une oppression constante à l'occupé. On pourrait donc supposer, à première lecture, que les Béatitudes s'adressent à de pauvres opprimés, sous le joug d'un occupant impitoyable qui prend tout, et devant lequel on a un constant sentiment d'injustice. On pourrait alors l'entendre comme une consolation s'adressant à des gens qui vivent sous l'occupation et souffrent d'injustice. Mais cet homme qui parle, la Béatitude vivante, peut-il être complice de la revendication d'un peuple occupé ? Même si lui, le premier, a un sentiment très fort d'indignation face à l'injustice qui règne, à qui s'adresse-t-il ? À quelle sorte d'occupé ?

Prenez le temps de regarder en vous-même, et voir par quel César vous vous laissez occuper. Souvenez-vous du pharaon, le grand Moi couronné dans Les Dix Commandements. Eh bien César, c'est aussi le symbole du moi et de ses légions. L'enseignement s'adresse donc d'abord à des êtres qui vivent sous l'occupation du moi, où l'occupant dont il faut se libérer, c'est la revendication liée à l'intérêt personnel, mais aussi et surtout où l'occupant c'est le regard de l'autre. Quelle sorte de justice réclame celui qui vit à l'intérieur de lui-même une relation d'occupant-occupé, si ce n'est la gratification constante de ses revendications personnelles, de ce qu'il estime lui être dû ? Voyez nos récriminations, nos revendications, nos réclamations. Nous avons tant de "bonnes" raisons pour revendiquer ce que nous estimons devoir nous revenir. Mais combien de fois prenons-nous la peine de voir ce qui est véritablement à la source de ces réclamations ? Nous sommes même prêts à mettre en avant les grandes valeurs de l'égalité et de la justice pour tous... pour arriver finalement à la conclusion comique et tragique à la fois d'un Coluche : "On est tous égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d'autres !", ou à celle plus scientifique d'un H. Laborit : "Nous voulons tous être égaux au départ pour finalement être différents à l'arrivée !"

On va approfondir cela et je voudrais vraiment que vous preniez le temps de l'écoute, de l'imprégnation. Car les Béatitudes s'adressent au coeur le plus profond de nous-mêmes : la Béatitude ne peut s'adresser qu'à la Béatitude, à ce qui en nous peut reconnaître.

Nous vivons en permanence la relation d'appartenance sous le régime de l'occupation. Quel que soit le degré d'appartenance, et son corollaire le degré de propriété, nous sommes toujours sous le diktat du César intérieur. C'est la dictature de ce César qui nous fait perpétuellement courir après la rétribution de l'acte et le mérite aux yeux des hommes.

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